Citations à comparaître
Règlement de compte avec mes mots, entre mon cerveau, moi et tant d’autres …
Un mot clef qui vous échappe un peu par hasard, un mot que vous n’utilisez pas d’habitude, et qui tombe par une association douteuse, comme un malfaiteur dans la conversation. C’est ce que j’appelle un “déclencheur mémoriel”, un peu comme une orange mécanique pour être plus haute en couleur. Peut-être cela vous ait-il déjà arrivé ?
Ce mot, moi, je l’arrête illico et commence à le cuisiner pour qu’il me révèle tout ce qu’il a me dire.
Ou plutôt non, c’est d’abord le mot qui me traque. Je le sens presque qui m’observe, qui n’attend qu’une occasion, la bonne, pour ressortir sous une autre forme, au coin de n’importe quelle conversation. Une de mes conversations ou une de celle qui m’entoure. Une conversation écrite ou une conversation onirique.
Comme un jeu du chat avec la souris, il m’attrape et me relâche, pour que je lui cours après, et recommence inlassablement sous une forme nouvelle, jusqu’à m’amener où il le souhaite. Une course poursuite contre le temps, celui des bribes de mémoires, celui du temps à venir.
C’est là, en commençant à anticiper ses mouvements, comme on décode une série logique dans l’apparente anarchie, que je le stoppe et essaye de le faire parler. Toute similitude avec l’actualité est à prendre très au sérieux. L’info qui tombe du journal, les faits divers de son quotidien, les surprises bonnes ou mauvaises. Quand langage alterne de plus en plus rapidement et fréquemment entre associatif et analogique, je sais que je suis proche du but. Plus le mot est prêt à passer aux aveux, plus il se dérobe d’ailleurs jusqu’à installer des blancs dans ma mémoire. Des oublis soudains, des mots sur le bouts de la langue qui ne veulent plus sortir
C’est là que je relâche délibérément mon attention, je ne creuse plus la question, et le laisse s’échapper, ni vu, ni connu. Je laisse la porte de sa cellule ouverte volontairement, jusqu’à ce qu’il prenne la tangente. Sûr de ne pas être suivi, de m’avoir perdue en route, il éclate de joie, narquois, et ne peut s’empêcher de me faire un dernier pied de nez, qui semble ne rimer à rien tout au bout d’une phrase.
C’est là que le cueille, tout en douceur … Plus de paniers à salade, plus de bottins avec bien trop de mots bien trop lourds. Juste une parole cueillie au vol, comme un Papillon hors du Bagne, comme un coin de Causette qu’on adopte ensemble.
Le mot jeté à la figure, qui vous martèle les tempes, devient alors billet doux, tout en même temps votre ami et allié, votre indic de confiance et votre co-équipier prévoyant.
Bref, chacun y trouve son compte, lui pour ce qu’il veut me dire, moi pour ce que je veux entendre … et, ensemble, une simple histoire prend bien des sens que nous n’attendions pas.
Une simple histoire de justice et d’équilibre de la balance dans la plupart des cas.
Une simple histoire de conteur, à nous émerveiller souvent ou à remettre à zéro parfois quand elle s’emballe trop vite.
Une simple histoire qui finit bien, et ça j’y tiens.