De l’harmonie et des dissonances : Exposition, angles de vue & perspectives
De “On se croirait dans une église, quand on entre dans votre Exposition” aux échanges plus élaborés sur le concept et les canons de beauté, petit à petit ma théorie de l’harmonie fait son chemin. Un chemin de traverse comme une école buissonnière …
Si les goûts et les couleurs sont personnels et culturels et passent au filtre de nos préconceptions de ce qui est beauté et de ce qui ne l’est pas, l’harmonie semble elle une perception directe, un ressenti brut, une faculté des sens.
En ces sens justement, l’harmonie est une émotion.
Et en ces sens, comme toute les émotions, elles est universelle et partagée.
Une emotion si subtile qu’elle ne s’impose jamais à qui ne l’écoute pas, comme un cadeau que l’on est libre de déballer émerveillé, de froisser d’un geste rageur, de brouiller comme une onde que nous ne souhaitons pas recevoir ou de fouler aux pieds quand nous sommes pressés et ne souhaitons pas nous y attarder .
L’harmonie est physiquement palpable comme un nuage que l’on caresse du regard, comme un parfum ou une note qui flottent dans l’air . Une résonance de soi et en soi, une rencontre volatile dans un espace éphémère, une conjonction d’éléments qui se répondent et nous ouvrent un état de délicatesse aussi précieux que fragile .
Un état de grâce qui nous cueille par surprise .
Et jour après jour, je suis surprise du bouquet de floraison d’harmonies que je cueille en retour chez les visiteurs de passage.
Toute attentive que je sois , je ne sais jamais quand et chez qui, cette éclosion va se produire quand ils passent le pas de ma porte. Rien dans leur apparence, dans leur style, dans leur attitude de départ ne me le laisse présager .
Ma seule intuition instantanée est la reconnaissance des terrains stériles dans lesquels l’harmonie ne peut germer dans le présent, voire des terrains contaminés durablement qui vont flétrir tout sur le passage . Comme une atrophie des sens, une cécité émotionnelle, une absence au le monde qui les entoure, une paralysie des interactions subtiles .
Des pensées lourdes comme deux enclumes, qui écrasent tout sur leur passage de leurs semelles de plomb .
Des pensées sèches comme un claquement de doigts bruyant qui stoppent net la vibration des gongs qui résonnent alentours pour n’écouter qu’eux-mêmes.
Des esprits brouillons qui viennent gribouiller le moindre espace vide de peur de ne pas laisser assez leurs traces partout où ils passent.
Et jour après jour, je résiste à l’envie irrépressible d’écourter leurs visites, de les reconduire à la porte avant qu’ils ne flétrissent l’harmonie. La mienne et celle de tant d’autres. L’harmonie me semble singulière, unique et fragile. Les dissonances elles sont si nombreuses, fluctuantes et envahissantes .
Hum, hum … Cette dernière pensée n’est ni très compatissante, ni très harmonieuse. Normal, c’est une pensée agissante . “Poussez-vous que je m’y mette ! ” rugit-elle quand l’espace et le temps sont limités. Elle ne s’encombre pas d’une émotion précieuse et passive, comme l’harmonie.